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La nouvelle puce quantique de Microsoft suscite le scepticisme

Rédigé par Penta | 26 mars 2025 13:00:00

Microsoft a dévoilé Majorana 1, une nouvelle puce quantique reposant sur des qubits topologiques. La société affirme que cette avancée, fruit de deux décennies de recherche, pourrait permettre le développement d’ordinateurs quantiques à la fois plus puissants et plus fiables. Toutefois, la communauté scientifique reste sceptique et appelle à la prudence.

Une avancée dans l’informatique quantique ?

Le 20 février 2025, Microsoft a déclaré avoir réalisé des progrès importants dans le domaine de l’informatique quantique grâce à un nouveau type de matériau baptisé topoconducteur. Ce matériau représenterait un nouvel état de la matière — distinct des solides, liquides ou gaz — permettant la création de qubits topologiques, plus petits, plus rapides et plus stables que les technologies quantiques actuelles.

Les qubits sont les briques élémentaires des ordinateurs quantiques. Les qubits topologiques, comme ceux développés par Microsoft, stockent les données dans la structure globale du système, et non dans des éléments individuels. Cette architecture les rend beaucoup plus stables et moins sujets aux erreurs. Étant donné leur taille extrêmement réduite (1/100e de millimètre), Microsoft pourrait potentiellement en intégrer jusqu’à un million sur une seule puce. Une avancée importante, sachant que les ordinateurs quantiques actuels (comme ceux de Google ou IBM) nécessitent des milliers de qubits supplémentaires simplement pour corriger les erreurs. L’approche de Microsoft pourrait ainsi rendre l’informatique quantique bien plus efficace et concrète.

La puce Majorana 1 intègre les qubits et l’électronique de contrôle dans un dispositif suffisamment compact pour tenir dans une main. Elle est conçue pour être intégrée aux centres de données Azure de Microsoft, rendant potentiellement l’informatique quantique dans le cloud plus accessible. Microsoft reconnaît cependant que plusieurs années de développement seront encore nécessaires avant que cette technologie ne devienne réellement exploitable à grande échelle.

Le scepticisme des scientifiques

Bien que les recherches de Microsoft sur les qubits topologiques et la puce Majorana 1 soient soutenues par des institutions comme la DARPA (l’agence de recherche du Pentagone), la communauté scientifique reste largement réservée.

Un article publié dans la revue Nature décrit comment les chercheurs de Microsoft ont pu créer et mesurer des qubits topologiques à l’aide d’arséniure d’indium et d’aluminium pour générer des particules de Majorana. Toutefois, après évaluation par des pairs, il a été suggéré que l’étude ne prouve pas clairement la présence de ces particules. L’évaluation précise :

« La rédaction souhaite souligner que les résultats de ce manuscrit ne constituent pas une preuve de la présence de qubits de Majorana dans les dispositifs étudiés. »

D’autres scientifiques ont également exprimé leur inquiétude quant à l’absence de preuves solides de la part de Microsoft. Le Wall Street Journal a rapporté les propos de chercheurs déçus, et le professeur Daniel Loss, physicien théoricien à l’Université de Bâle, a été particulièrement critique. Il met en garde : l’étude publiée dans Nature ne doit pas être interprétée comme une validation de la puce Majorana 1, pour laquelle aucun article scientifique n’a encore été publié.

« En dehors de Microsoft, la communauté scientifique est très critique à l’égard de ces affirmations », déclare le professeur Loss. Il juge ces annonces irréalistes et estime que l’article de Nature ne prouve pas que les particules de Majorana sont responsables des effets observés. Il conclut : « Ce travail ne constitue pas une avancée. »